Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/120

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Sulli.

Vous le devez, Sire, & par humanité, & par sagesse, & par reconnoissance, & même par politique.

Henri.

Ah, mon cher Rosny ! je ne pense tout haut sur ces matieres qu’avec vous… Qui plus que moi doit détester le fanatisme ? Que de fois j’ai vu le couteau levé contre mon sein ! J’ai toujours devant les yeux l’infortuné Coligny sanglant & déchiré[1], que ses vertus & sa probité n’ont pu sauver de la férocité des catholiques… Ils me tueront, mon ami, ils me tueront : mais n’importe, je veux tenir les deux religions dans ma main,

  1. Coligny eût été le seul homme propre à établir en France une constitution libre ; sa vertu étoit forte, lorsque celle des autres ployoit aux circonstances. Le poignard des massacreurs de la nuit de la S. Barthélemi avoit plongé dans le tombeau le plus généreux défenseur de la liberté des peuples ; l’Hospital étoit plus attaché à l’autorité royale qu’au peuple.