Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/243

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listes sont entrés en silence ; ils se sont emparés sans bruit des places & carrefours.[1] La bravoure anime un seul corps-de-garde espagnol, qui veut s’opposer au passage. Ce corps fidèle est enveloppa & massacré…[2] Henri s’avance au milieu d’un gros corps de noblesse. Mais, ce qui m’indigne le plus

  1. Le lendemain de son entrée à Paris, le roi ayant fait venir à son dîner le secretaire Nicolas, gros réjoui, dit Brantome, bon compagnon, d’un esprit facétieux : M. Nicolas, lui dit le roi, quel parti suiviez-vous pendant les troubles ? — A la vérité, Sire, j’avois quitté le soleil pour suivre la lune. — Mais que dit-tu de me voir à Paris comme j’y suis ? — Je dis, Sire, qu’on a rendu à César ce qui appartenoit à César, comme il faut rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu. — Ventre-Saint-Gris ! on ne me l’a pas rendu à moi, on me l’a bien vendu.
  2. Outre le corps-de-garde espagnol, il y eut deux ou trois bourgeois tués, ce qui affligea le roi. Il a répété souvent qu’il auroit voulu racheter pour beaucoup la vie de ces trois citoyens, pour avoir la satisfaction de faire dire à la postérité, qu’il avoit pris Paris sans répandre du sang. Voilà de ces traits qu’on aime à trouver & à citer.