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l’histoire de la révolution et des lois. Qui pourrait reconnaître les Parisiens ; eux, qui avaient fait les 14 juillet et 10 août ?


SAINT-FIRMIN



Maison religieuse où furent massacrés impitoyablement presque tous les prêtres qui y étaient détenus. Henriot, qui avait fait ses premières armes dans les massacres de Septembre, ne quitta cette maison que quand il n’y eut plus de meurtres à commettre. Quand il en sortit, il était à demi-nu, couvert de sang et le fer à la main. J’ai connu un de ces malheureux prêtres qui, se trouvant dans les privés, s’y tint caché ; et interpellé de descendre, il dut sa vie à ces mots : Je vais à vous, citoyens ; je me dépêche. Cette résignation naïve le fit oublier.[1]

Ainsi dans cette muette cité, il y eut plus d’un foyer de boucherie humaine. Tous les sens frémissent d’horreur ; et cependant ce système de barbarie, ce projet d’égorgement dans les prisons a duré longtemps ; et des hurleurs de liberté ont reproduit les mêmes plans, et ne se sont jamais démentis.

Ah ! si Charlotte Corday avait su tirer son poignard au sein même de la Convention et non au domicile de Marat, la postérité lui décernerait une palme plus belle encore, et plus verdoyante. Quand cette femme extraordinaire fut conduite au supplice, sa marche fut un triomphe. Tous les hommes sensés ou sensibles se représentaient, d’un côté, cet énergumène qui ne jetait jamais que le cri d’une bête féroce, immolé pour ses crimes, et, de l’autre, cette

  1. Voyez chapitre : Massacres de Septembre.