Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/12

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juge combien ils étaient coupables : car la plupart n’ont obéi qu’aux suggestions et aux guinées du gouvernement anglais.

C’est lui qui, du premier jour de la révolution, a commandé la contre-révolution, a poussé dans les extrêmes les vertus des uns et les vices des autres : et peu lui importait que le sang de Louis XVI ou celui de Robespierre coulât sur l’échafaud ou ailleurs : c’étaient deux Français ; et tout Français, qu’il fût émigré qu’il fût républicain, était l’objet de sa haine traîtresse et implacable.

Le plus grand des miracles, c’est que cette superbe ville soit encore debout. Le plan d’attaque, qui devait avoir lieu à Versailles contre l’Assemblée nationale et contre Paris, est un des plus épouvantables projets qui aient été conçus dans le cabinet d’un roi parjure et d’une cour dépravée. La ville eût été saccagée, livrée au pillage, réduite au tiers de ses habitants. Le despotisme ensanglanté planerait encore sur les ruines : la bravoure des Parisiens, leur union, et une faveur inespérée de la fortune, firent pâlir cette cour et ce roi homicides.

Il attache à son chapeau cette cocarde nationale, le signal de la victoire et de la régénération ; mais avec le dessein secret de la déchirer bientôt, à l’aide de tous les rois voisins, auxquels il aurait livré le pourtour de la France, pourvu qu’il eût pu conserver dans l’intérieur ses valets, ses chiens de meute, sa noblesse et son parlement.

La contre-révolution a commencé, et sous ses auspices, depuis le jour où il retourna à Versailles, en portant la cocarde tricolore qu’il avait baisée devant tout le peuple, à une des fenêtres de l’Hôtel-de-ville. Tout ce qui s’est fait depuis, s’est fait en haine de la Révolution et de la prise de la Bastille.

Paris est devenu le théâtre, où tous les acteurs des différents gouvernements se sont rendus, pour consommer l’œuvre de leur hypocrisie. Chaque jour en dévoila quel-