contre les riches et les modérés, que contre les Prussiens et les Autrichiens.
Tous les spectacles furent fermés ; et l’on profita de ce premier moment de terreur pour poser les bases du tribunal révolutionnaire. L’organisation de ce fameux tribunal vint avec l’apparition de Lacroix et Danton. Buzot combattit cette proposition comme constitutive du despotisme le plus monstrueux ; il ne fut pas écouté. Ainsi la défaite de Dumouriez donna gain de cause au parti de la Montagne, qui sut toujours mettre à profit tous les événements. Son adresse consista surtout à paraître moins audacieux quand le danger l’environnait ; et ses adversaires, naturellement bons et ennemis des violences, étaient destinés à payer bien cher cette indulgence et cette sécurité.
Dumouriez perdit la tête en arrêtant les quatre représentants du peuple. C’était un attentat si misérablement inutile, qu’on ne saurait l’attribuer qu’à cette démence que fait naître la fureur ; Paris, d’ailleurs fut très insensible à cette arrestation. Cependant plusieurs croient que Dumouriez fut traître pendant, avant et après qu’il s’était rendu de la coalition.
Abbé Maury. — Je l’ai beaucoup connu ; simple prestolet, il nourrissait déjà l’idée de s’élever aux premiers rangs de la hiérarchie ecclésiastique ; il m’entretenait de son élévation future lorsqu’il n’avait pas de quoi dîner. Il me disait : j’entrerai à l’académie française bien avant vous ; et il n’avait pas encore écrit, même un mauvais sermon. Ses premières productions sont ce qu’il y a de plus mauvais et de plus obscur dans aucune langue. Mais il était né avec un esprit d’académicien, un talent de prédicateur, et une audace d’antichambre. Il avait grande confiance dans sa faconde parce qu’il l’avait exercée avec succès sur plusieurs hommes médiocres, et qu’il avait pris du prêtre tantôt le ton souple, le ton élevé, le ton onctueux ; car il aimait à faire le prêtre.
Il a rendu à la révolution le plus grand des services ; car