Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/66

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républicaine : au contraire, elle ne montra, dans le moment d’un si beau triomphe sur la tyrannie royale, ni sagesse, ni dignité, ni courage. Elle ne se présenta point aux assassins, aux brigands, aux démolisseurs ; elle ne sut pas imiter l’homme-Dieu qui, dans une tempête, étendant majestueusement la main, commande aux vents et à la mer de s’apaiser. Elle laissa abuser de la victoire une portion de scélérats, qui, dans la frénésie de l’ivresse, se crut seule la tête, le cœur et le bras de toute la France.


FURIES DE GUILLOTINE



Femelles des hommes des 2 et 3 septembre elles ne désemparaient pas les tribunes lors des deux sanglants comités ; elles environnaient les échafauds ; elles vociféraient dans les groupes ; elles retroussaient leurs manches le 4 prairial pour assassiner les conventionnels. C’était là le bataillon sacré de Philippe d’Orléans.

Tandis que les Directeurs passaient en carrosse sur le quai du Louvre, pour se rendre à l’Institut national, des Furies de Guillotine hurlaient toutes les imprécations de l’enfer contre eux et contre la constitution de 95. On regrettait hautement Robespierre et Dumas. Un honnête homme, effrayé de ces hurlements, arrêta un journaliste patriote, et le forçant de venir les entendre avec lui, afin qu’il ne pût en douter, lui dit ensuite : Eh bien ! vous ne tremblez pas ?… Le journaliste répondit : Je crains encore plus un roi que cette canaille.