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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/112

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de lettres & les grands ; mais ceux-ci, à coup sûr, perdront la bataille.

On a attribué à la liberté d’écrire, les vices que le luxe a enfantés, tandis que les écrivains ont combattu de toutes leurs forces les excessifs abus du pouvoir. On a voulu les rendre responsables des mœurs des grands, qui ne lisent point, ou qui sont ennemis nés des écrivains. On a voulu rejeter sur eux tous les désastres qu’ils avoient, pour ainsi dire, prévus & annoncés, & auxquels ils s’étoient opposés. Leurs adversaires ne se sont jamais piqués de logique.

La ruine de la morale a pris naissance dans les cours, & non dans les livres. Le crime des gens de lettres est d’avoir répandu la lumiere sur cette foule de délits qui vouloient s’envelopper de ténebres. Les puissans n’ont pas vu, sans frémir, tous ces secrets honteux, à jamais dévoilés. Ils ont détesté le flambeau & celui qui le portoit.

On connoît le mot de Duclos : les brigands n’aiment point les reverberes. La nation elle-