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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/113

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même ne fait pas tout ce qu’elle doit aux gens de lettres. Quoique peu unis entr’eux, ils sont d’accord sur les principes essentiels. Ils flétrissent tous les suppôts du pouvoir arbitraire, les reconnoissent sous leurs enveloppes, les dénoncent & les punissent. Ils devinent l’administrateur inepte & le ridiculisent. Ils intimident par une censure vigilante & exacte, jusqu’aux oppresseurs subalternes qui, dans l’ombre, se croient à l’abri de leur justice. Ils savent la rendre à tous les hommes publics, excepté à leurs rivaux. Ils forment très-souvent un cri unanime, qui devient l’expression de la raison universelle. Que fera l’autorité contre cette voix puissante qui, au défaut de l’impression, parle & subjugue par la force de l’évidence ? Rien. Elle n’a plus d’autre parti à prendre que d’être juste & modérée, sans quoi toutes ses fautes seront gravées d’un burin fidele. Elle fait tout pour diviser ce corps qui, sans un point de ralliement, a cependant un même esprit. Elle soudoie des mercenaires pour souffler le feu