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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/117

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se donnent les tons de protecteur, quand ils arborent le drapeau de tel parti contre tel autre : loueurs impertinens, ou censeurs téméraires ; voilà leur devise.

Ensuite viennent les maîtres journalistes, feuillistes, folliculaires, compagnons, apprentis satiriques, qui attendent, pour écrire, qu’un autre ait écrit, sans quoi leur plume seroit à jamais oisive. Ils forgent ce tas d’inepties périodiques, dont nous sommes inondés dans les arsenaux de la haine, de l’ignorance & de l’envie ; ils sentent par instinct que le métier de jugeur est le plus aisé de tous ; & ils soulagent à la fois le double sentiment de leur impuissance & de leur jalousie.

Au nom du goût, ils mordent ou déchirent ; tous frappent & sont frappés : on croit voir des écoliers qui ont dérobé une lourde férule qu’ils s’arrachent tour-à-tour, & dont ils se donnent des coups violens. Des écrivains imberbes font la leçon