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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/182

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reçu membre de l’académie de Pétersbourg, pour avoir part aux bienfaits de l’impératrice ; mais qu’il falloit préalablement apprendre le russe, parce qu’il pourroit fort bien être mandé à la cour. Il crut étudier le russe, & il se trouva au bout de six mois, qu’il avoit appris le bas-breton.

On lui fit accroire qu’il avoit tué un homme en duel, lorsqu’à peine il avoit tiré son épée, & qu’il avoit été condamné à être pendu ; on lui fit lire sa sentence imprimée, un faux crieur la hurloit sous la fenêtre ; & Poinsinet de se couper les cheveux, de se déguiser en abbé, de pleurer à chaudes larmes, de se cacher ; puis le roi lui donnoit sa grace, comme à un grand poëte cher à la nation.

Enfin, l’on poussa la cruauté jusqu’à lui dépêcher un dentiste qui lui arracha une dent malgré lui, en lui soutenant qu’il avoit été appellé la veille par lui-même, avec ordre de vaincre sa résistance.

Il crut que des carpes, des brochets,