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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/261

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reproche de ne point partager ces consolantes émotions. La raison & la philosophie ne mettent rien à la place de ces heureuses & profondes illusions.

Oui, tel savetier meurt d’amour pour sainte Genevieve, la consulte dans ses chagrins, l’invoque dans ses peines, l’appelle dans ses afflictions, ressent les transports de la passion la plus enthousiaste. Je voudrois pouvoir jouir comme lui, en présence de la chasse, de ces voluptés extatiques.

Je sais que je ne vois pas ailleurs des fronts plus resplendissans devant l’objet de leur tendresse. J’ai vu couler des pleurs ; j’ai entendu des sanglots, des soupirs qui m’ont ému jusqu’au fond de l’ame ; & j’ai respecté en ce moment ce culte adapté aux bornes de l’intelligence du vulgaire, adapté peut-être encore plus à sa misere. Il prie avec ferveur ; il prie de toutes ses forces : son cœur se fond, s’amollit, se répand ; & l’ame du philosophe reste quelquefois seche & aride, même lorsqu’il veut s’élever vers un culte plus sublime