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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/312

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La folie & la stupidité ont entassé ces in-folio ; & l’huître dans sa coquille, paisible sur son rocher, paroît supérieure à ce docteur qui déraisonne pendant six mille pages, & qui se vante encore d’avoir embrassé la science universelle. Rien n’attriste plus que de contempler en silence ces épaisses archives de la démence la plus orgueilleuse & la plus profonde : on est tenté de prendre un Montaigne pour contre-poison, & de s’enfuir à toutes jambes.

Cependant la lie des opinions humaines se dépose insensiblement, malgré ceux qui la soulevent & se plongent dedans ; & il est à présumer que la boisson dont nous allons jouir sera pure & saine.

Mais qui saisira un flambeau pour anéantir cet absurde amas de vieilles & folles conceptions, que le génie méconnoissant ses propres forces, & se confiant en autrui, va consulter encore dans les premieres années de la vie, & qui lui font perdre un tems précieux ?… Que dis-je ! réprimons ce pre-