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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/327

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en ses études, & l’on ne peut la considérer que comme le reste impur de ce préjugé barbare qui appelloit de tout à la pointe de l’épée.

On peut refuser aujourd’hui un duel, quand le motif n’en est pas absolument grave ; l’on dit à l’homme qui vous provoque, je ne me bats point pour cela ; & si votre adversaire vous presse en vous disant, c’est une lâcheté que de craindre de mourir, vous lui répondez comme cet ancien philosophe, chacun estime sa vie ce qu’elle vaut.

Cette férocité des siecles précédens est donc, pour ainsi dire, anéantie ; mais je crains qu’elle ne se réveille sous une forme plus rare, mais cent fois plus odieuse.

On ne rougit pas de se battre au pistolet, arme favorite des Nivet & des Cartouche, qui n’admet que le sang-froid de l’assassin & la cruelle intrépidité d’une main meurtriere ; c’est une démence frénétique opposée au vrai courage ; sans parler ici de ce courage