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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/338

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& donnent aux événemens publics une si prodigieuse mobilité ; il n’en saura pas plus là-dessus que s’il étoit demeuré à Berlin, Dresde ou Pétersbourg.

L’étranger qui n’a point d’amis, conséquemment de société réglée, marche au hasard au milieu de six cents mille ames qui ne s’occupent que de leurs affaires & de leurs plaisirs : il peut tomber le même jour dans la passable, la mauvaise, la détestable compagnie ; rien ne lui aura appris à les distinguer, & du fond de son hôtel garni il ne pourra deviner mille choses qui abusent au premier aspect, mais qu’il faut considérer avec attention pour les reconnoître sous leur véritable point de vue. S’il est trois jours sans sortir, on le croira parti ; on ne songera plus à lui, l’ennui le saisira, & il maudira la capitale.

Il doit donc se ménager des connoissances dans toutes les classes, parce que dans ce tourbillon, celui qu’on tient le matin vous échappe le soir ; on court sans se trouver ; & si l’on ne s’environne pas d’une compagnie