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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/63

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Cette foule de beautés captive l’étranger & lui fait verser dans le royaume un argent qu’il eût porté ailleurs.

La fermeture de l’opéra causeroit donc un vuide dans la capitale, & ralentiroit le commerce ; de plus, un grand art, inconcevable dans ses effets, est attaché à la fortune de ce spectacle, parce qu’il est le seul qui puisse entretenir les talens du chant & de la danse dans une certaine perfection & leur offrir en même tems une récompense assurée. Point d’opéra ! Ce jeûne sera constament regardé comme une sorte de calamité pour la capitale ; c’est le théatre qui donne à la fois aux spectateurs un plus grand nombre de sensations : & comment s’en passer ?

Il faut avouer que ce beau monstre commence à recevoir des proportions & à prendre un caractere unique sous la main de l’homme de génie qui lui a imprimé un intérêt suivi.

Les salles de spectacles paroissent toutes inévitablement destinées à finir par les flammes. Rome, Amsterdam, Milan, Saragosse, Paris