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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/99

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partagé, pour ainsi dire, les malades de la capitale. Quand l’un d’eux a commis une faute grave dans le traitement, comme son confrere tombera dans le même cas, la faute homicide est passée sous silence, palliée, justifiée même ; aucun n’ose contredire les ordonnances du confrere, & le malade meurt au milieu de dix médecins, qui voient très-bien ce qu’il faudroit faire pour le sauver, mais qui, par esprit de corps, laissent le premier appellé achever dans toutes les regles son méthodique assassinat.

Les complices discrets retrouvent, en tems & lieu, la même condescendance ; ils donnent pour excuse l’incertitude de l’art, la maniere aveugle dont le plus habile procede ; mais pourquoi, avec ces notions, se renferment-ils opiniâtrement dans une routine meurtriere, dont ils ne veulent pas sortir ? Pourquoi s’opposent-ils avec fureur à tout ce qui simplifie l’art ? Pourquoi, enivrés de leur doctrine homicide, ne changent-ils point leur ancienne & détestable