Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 187 )

nos jours un problême moral assez difficile à résoudre ; & je crois appercevoir que Moliere

    tout ce qui blesse l’ordre d’un œil prudent, circonspect, réservé ; mais la vertu sans sa marque distinctive, qui est le courage, la franchise, la fermeté, &, pour tout dire, la roideur de la probité, est-elle encore vertu ?

    Moliere semble donner la préférence à Philinte sur Alceste, & faire du premier un modele à suivre pour les manieres & le langage ; il semble dire : soyez dans certaines circonstances plutôt un peu faux avec politesse que bourru avec probité ; ménagez tout ce qui vous environne : pourquoi choquer imprudemment les vices d’autrui ? Cette piece de Moliere enfin semble écrite sous l’œil de la cour : d’ailleurs le Misanthrope, constdéré de près, n’est qu’un humoriste ; il s’échauffe le plus souvent pour des miseres. Moliere a mis quelquefois des individus sur la scene ; mais ce n’est pas là son plus bel endroit. En attaquant Boursaut & de Visé, il attaquoit ses adversaires & non des hommes vicieux ; en frappant Cottin, il a vengé son amour-propre ; il eût été plus grand d’oublier l’injure et de la pardon-