Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 127 )

Or, on pourroit mettre au rang des prodiges le fait incroyable (s’il n’étoit attesté) de la merveilleuse évasion de M. de la Tude. Cet exemple est unique, & quand on songe à ce qu’il en a coûté au prisonnier, de peines, de travaux, d’angoisses & de terreurs, mourir ainsi paroît beaucoup plus doux, que de sortir de cette périlleuse forteresse.

Si l’amour de la liberté inspire des moyens si pénibles, si longs, & encore si incertains, quel supplice n’est-ce donc pas que la privation de cette liberté pour laquelle on tente l’impossible ; car le succès qu’a obtenu cet étonnant prisonnier, est une véritable exception aux probabilités des forces humaines.

J’ai fait lire à ma jolie femme le récit de cette évasion, qui tient presque du miracle ; & depuis ce temps-là, elle veut absolument que je la promène dans la bastille ouverte & ruinée, ainsi que je l’ai promenée dans le donjon à moitié démoli & vide de prisonniers. Je lui ai promis de faire tous mes efforts pour cela.

En 1562, la foudre tomba sur une des tours de l’arsenal, & fit sauter environ vingt