Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 237 )

sont banquiers, ils sont pâles, & font politesse à tout le monde ; car un suisse est toujours extrêmement souple dès qu’il s’agit de gagner de l’argent.

Le portier chez les bourgeois est ordinairement un savetier bancal, borgne ou bossu, à qui vous êtes forcé de parler poliment, quand le soir, vous voulez vous rendre dans la rue : ouvrez la porte, ne suffiroit pas ; il faut y ajouter, s’il vous plaît. Ce qu’il y a de plaisant, c’est qu’on dit ces mots du ton le plus impératif ; mais enfin on les dit, & rien ne prouve mieux l’étiquette de la politesse parisienne.

L’emploi des portiers est de siffler, quand on vient vous rendre visite, autant de coups qu’il y a d’étages pour arriver à l’appartement que vous occupez ; ce qui donne le temps, quand on reçoit ses amis, de cacher bien vite tout ce qu’on n’aime point qu’ils voient, & d’arranger au contraire tout ce qu’on veut qu’ils apperçoivent. Rien n’est plus commode dans un pays où l’on a toujours mille petits secrets à taire.