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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IX, 1788.djvu/85

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Quand on est jeune & jolie, on attire, avant tout, les regards. On a vu à Venise la femme d’un procureur au parlement, qui voyageoit avec un riche financier dont elle étoit la maîtresse, ouvrir le bal avec le prétendant d’Angleterre, dans une fête publique, parce qu’elle étoit d’une figure céleste.

La femme d’un maréchal de France, d’un président à mortier, d’un ministre d’état, n’a aucune distinction personnelle. Les armoiries sont sur les voitures ; il fut un siècle où on les portoit sur les robes : peut-être verra-t-on renaître cette mode, qui me réjouiroit beaucoup. À coup sûr les mœurs ne pourroient qu’y gagner, puisque chaque individu armoirié, craignant d’être reconnu, se respecteroit davantage. Quand nos jeunes seigneurs vont en partie de débauche, leurs laquais laissent la livrée à la maison. La livrée ne devroit jamais quitter le dos du laquais. Il ne lui faudroit qu’un habit, comme au soldat.

Il n’y a point communauté de gloire. On