Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/118

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- 3o4 MERCVRE DE FRANCE— 16-xi-1908 Corneille, 27 représentations. — M. Dumersan, 289. Racine, 3o. — Swerin, 343. Molière, 8 t. — Brazier, 622. •Gresset, 4 * — Merle, 432. Andrieux, 33. — Gentil, 383, etc... Il serait curieux de rechercher quelles furent ces pièces à succès.

Le chroniqueur de l’Almanach fait cette réflexion, à propos de l’an­

née 1817 : « Elle n ’a pas été trop mauvaise; les bêtises se vendent au -poids de l’pr, » Mais le succès a toujours un peu raison, et on oublie trop souvent que le théâtre doit être avant tout un amusement : je préfère le plus stupide vaudeville à une pièce à thèse: la philoso­ phie au théâtre est tout ce qu’il y a de plus ennuyeux. On retrouve dans ce volume, ce qui fut de l ’actualité, l ’an dernier : l’apparition des femmes cochères, des premiers dirigeables, l ’affaire Soleilland, etc. Voici Marcellin Albert, le rédempteur. Ce sont sur­ tout d’illustres disparus, à propos desquels M. Clarelie raconte ses souvenirs. Telles anecdotes sur Berthelot, Sully-Prudhomm e, le vicomte de Lovenjoul, apportent leur précieuse contribution à la petite histoire. D ’autre p art,M . Claretie, qui sait l’influence du jo u r­ nalisme sur l ’esprit des foules, rêve d ’un journalism e plus discret qui s’abstiendrait de publier le récit des crimes et le compte-rendu des duels, qui ne parlerait plus des suicides, « qui ont, dit-il, leur ter- . rible magnétisme ». On accorde « plus d’attention à un meurtrier qu’à un grand homme », et « l’effroyable méli-mélo de gloires . réelles et de renommées faites d’épouvante a singulièrement détra­ qué les esprits ». Cependant, M. Claretie se rend bien compte que c’est un rêve et que la curiosité publique aurait tôt fait de réclamer sa « pâture de scandales et sa ration de drames ». Je connais un vieux philosophe qui est plein d ’admiration pour les apaches, et les .c onsidère comme les derniers représentants d’u n . . . certain esprit chevaleresque. Cette édition des Liaisons dangereuses de Laclos, à g5 c., ne s ’adresse pas au x bibliophiles. C ’est plutôt une édition de v u lga ­ risation qui reproduit quelques-unes des gravures de l’édition de 1796, qui sont bien, dit l’éditeur, « traductrices de la sentimentalité apparente decette époque» .Il est regrettable que le g oût populaire ne puisse plus supporter une certaine liberté d’im ages, et l’éditeur a cru devoir supprimer deux gravures dont la licence, dit-il, lui paraît dépasser les limites permises. On a mis en épigraphe la phrase de Baudelaire: « Ce livre, s’il brûle, ne peut brûler qu’à la manière de - la glace. » JEAN DE GOURMONT.