Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/147

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. R EVUE DE LA QUINZAINE Pasteur des toits dorés par le soleil latin,

  • Le premier, couronné des rayons du malin,

J Tu dis au laboureur que le jour va paraître. Pour tous, du faible enfant rieur jusqu’à l ’ancêtre, Ton ombre inscrit la marche et l’heure du destin/] Déjà la nuit te frôle et ton sommet s’ éfeint, Quand la lampe s’allume au cadre des fenêtres,

  • Sur la cité, depuis le soir des anciens âges,

C’est toi qui, résumant en toi le paysage, T’exalte à la clarté souveraine des cieux Comme un rocher domine une mer immobile. En ton granit, clocher, bat le cœur de la ville Et j’aim e en ta beauté l’effort de nos aïeux. La P ro v in c e (octobre) publie cette pièce de M. Albert Heune- quin, qui a trouvé là une belle idée de poète : LES FAUNES Bannis des bois sacrés ombrageant les lacs clairs Où la nymphe emperlait les roses de ses hanches, Traqués dans les bosquets, aucun gîte des branches N’étant plus respecté de l’homme armé du fer, Les faunes, délaissant flûtes et cornemuses Dont ils risquaient, les nuits sans lune, un vague son, Ont, des siècles durant, caché dans les buissons Leurs pieds fourchus de bouc et leur face camuse. Mourant de continence et d’ans accumulés (Les nymphes qu’étreignait leur sauvage folie Dirent au fil de l’eau leur peine en Ophélies), Un soir qu’un vent d’orage ondulait les grands blés, Surgissant des ajoncs, des brandes, des fougères, Tous hurlant l’évohé de leur désir mortel, En un viol de vengeance horrible et plein de fiel, Les derniers faunes ont culbuté des bergères. Des fils d’homme en sont nés, et des fils leur naîtront Marqués par le talent, la joue encore glabre : L ’âme immense dfun faune en ces cœurs nains se cabre Et cherche à dépasser les limites du front. Et l’inspiration, qui met des flammes jaunes Aux yeux de l’artisan qui sculpte, grave ou peint, Du rimeur dont l’aïeul nu sifflait sous les pins, C’est le rut primitif et débordant des faunes ! Mémento. — Le Correspondant (10 octobre), — « Napoléon III et l’impé­