Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/185

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REVUE OE LA QUINZAINE 37* des acteurs, la plupart assez médiocres, nous y avons admiré la belle sévérité des lignes, l ’harmonie des décors et costumes. Somme toute, la représentation la plus achevée que nous ayons vue du fam eux drame shakespearien. « Het Nederlandsch Tooneel » a donné à Amsterdam O th ello ,, dans la traduction de M. Edw . B . Koster, parue naguère dans la Wereldbibliotheek. Je n ’ai pas eu l ’occasion d’aller voir la pièce, mais j ’ai lu avec grand plaisir la traduction, qui m ’a semblé excel­ lente et m ’a fait souhaiter de nouveau que M. K oster nous donne petit à petit un Shakespeare complet. Notons encore la représentation de la Griffe, de M. Henry Berns- tein, sous le titre De Kla u w . Notre génial acteur Louis Bouwmees- ter y a été tout simplement énorme. Il a soutenu à lu i seul toute la pièce et a réussi à la sauver. Disons en terminant que les journ au x annoncent pour bientôt un nouveau drame de M. H . Heyermans et deux de M. Frederik van Eeden. H. MESSET. LETTRES HONGROISES Fôldes Imre : A csâsedr katonâi, dràma 3 felvonàsban ; Magyar Irôk intézete,. Budapest, 1908. — Memento. Ce drame est un drame militaire, social et politique à la fois. Les Soldats de l ’Empereur,ce,sont ces officiers d’origine, ou tout au moins d’éducation, d’âme et de principes autrichiens, qui com­ mandent en Hongrie les régiments de l’armée commune. Et le titre évoque à lui seul tout un passé de souffrances, de deuil, de larm es, le souvenir des vingt années durant lesquelles les Soldats de l’E m ­ pereur étaient les seuls et incontestables maîtres du pays h on gro is. Chez bien des officiers de l ’armée commune, il reste de cette époque un fond de haine et de mépris pour la population civile aujourd’hui émancipée; une certaine hostilité règn e au cœur de cette population à l’endroit des soldats autrefois souverains. Et ce malaise se compli­ que de cequ’on appelle les « questions militaires » : langue de com­ mandement, langue de service, insignes, etc. C ’est cette situation sans issue que M. Fôldes se propose d ’ètudier. Dans une petite ville hongroise, la garnison vivait en paixrelative avec l’élément civil. Les officiers fréquentaient le Cercle, et même un m ariage était annoncé entre un jeune capitaine d’infanterie et la fille d’ un des notables de la bourgade. Mais voici qu’un officier, d’origine hongroise et d’idées libérales, écrit un article sur les réformes qu ’il conviendrait d’introduire dans l ’organisation, le fonctionnement et l ’esprit de l’état-major général. Ceci se passe au moment de la grande