Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/188

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n’a pas eu tort. Le succès de la pièce de M. Fôldes nous prouve que, dans son for intérieur, le peuple hongrois considère toujours les reven­ dications militaires comme les plus immédiatement intéressantes, et c’est là un signe de l’esprit public qu’il importe de noter.

Au point de vue dramatique, la pièce est bien faite, avec un sens très vif des nécessités scéniques : c’est là ce que l’analyse ne peut rendre. Comme dans la « Retraite » de Beyerlein, l ’ unité de temps, de lieu et d’action, sans laquelle il est bien difficile de faire une bonne pièce, y est rigoureusement observée*

Les personnages sont presque tous des types : j ’ en excepte toute la famille Karady, qui est de pure convention. Joas, Ernest, Schneller sont tous au même titre représentatifs de leur classe, avec les diffé­rences que l’éducation, le caractère individuel ont pu produire. Ain si l’Ecole de Guerre qui a fait d’Ernest un soldat rigide, ne connais­sant rien en dehors de l’intérêt supérieur du régiment, a fait de Joas un être malheureux, tiraillé continuellement entre deux traditions contraires.


Memento. — Revue de Hongrie. Dans les derniers n os de l’excellent périodique de la Société Française de Budapest, je signale une fort jolie nouvelle de François Herceg : Sirius, un article très documenté de M. le Dr Chyser sur l'Action contre la Tuberculose en Hongrie; un autre de Paul Balogh sur la Hongrie et les nationalités, ainsi que les études exces­ sivement iotéressanles de MM, Jules Siegfried, Ernest-Charles, Fürstenhoff, Eugène d’Harcourt, etc.

La Revue de Hongrie, dont le rédacteur en chef a prononcé au Congrès pour l’extension de la langue française, tenu à Arlon, un discours fort applaudi sur la Langue et la Culture françaises en Hongrie, vient de créer, outre ses deux dépôts (Hachette et Champion), une Agence Spéciale à Paris* Ceci est un signe de prospérité, et une promesse d’avenir. Souhai­ tons à cette jeune Revue, en laquelle nous possédons un si puissant ins­trument de l’extension de la langue, de la civilisation et de l’esprit français, tout le bonheur et tout le succès qu’elle mérite, et rendons hommage à l’intelligente et patriotique œuvre entreprise avec tant de veillance par M. le vicomte de Fontenay, consul général de France à Budapest.

— Revue Transylvaine (Erdêlyi Lapok). — La Société littéraire Tran­sylvaine vient de fonder une Revue bimensuelle destinée à ramener, par l’amour et la culture des belles-lettres, un peu de vie et d’unité dans cette pauvre Transylviane que tant de gens se disputent. Le premier numéro de la « Revue Transylvaine » a paru à Kolozsvàr le 1<>r octobre dernier, avec un sommaire des plus intéressants; à signaler, une nouvelle de Léon Tolstoï^ une poésie de M. Szabolcska, une étude sur Euripide, une autre sur le Théâtre français contemporain, et une notice curieuse de M. Seprôdi sur les Petits-Russiens, parmi lesquels l’auteur a retrouvé presque tous les mo­tifs principaux de la musique populaire hongroise. Ayant eu moi-même l’occasion de constater les ressemblances de la musique hongroise et de la