Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/63

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LES DÉBUTS POLITIQUES DE’ LAMARTINE LES DÉBUTS POLITIQUES DE LAMARTINE I LA CANDIDATURE DE TOULON M. de Lamartine était parvenu, par ses Méditations poéti­ ques et nouvelles, à la célébrité littéraire. Les salons, le gou­ vernement, l’Académie elle-même, en 1828, l ’ avaient consa­ crée. Une autre ambition, assez commune aux barbouilleurs de papier, tourmentait cependant le poète. Il croyait, malgré qu’ on en eût, être « né pour un autre rôle que celui de poète fugitif... Il y avait dans sa nature plus de l’homme d’ Etat et de l’orateur politique que du chantre contemplatif de ses im­ pressions de vingt ans ». Bref, il était fait « pour les grandes affaires d’Etat, plus que pour les petites vanités d’amour-pro- pre et pour les vains engouements de société que donnent de misérables succès littéraires ». Aussi était-il entré dans la di­ plomatie de bonne heure ; mais son agrément à la cour de Tos­ cane n’ ayant été dû qu’à ses poèmes, il considéra la place d’ambassadeur comme moins réservée aux employés de car- r rière qu’ aux favoris du Parlement et du prince. Dès 1826 il pensait briguer une stalle de député. A l’ avènement du cabi­ net Polignac, il écrivait à son ami Virieu : « J’ai déjà griffon­ né mon manifeste électoral pour temps et lieu : quatre pages en style court, nerveux, antique. » Ce manifeste ne nous est point parvenu. On peut toutefois l’imaginer d’après la correspondance, les mémoires, les pre­ miers écrits politiques du poète ; et d’ abord, il faut tenir pour certain qu’il n’avait rien de <r nerveux », et que, s’ il rappelait « l’ antique », c’était par des longueurs cicéroniennes. A la vérité, les idées de Lamartine ne se prêtaient guère à la con­ cision. Il les avait puisées auprès de M®*5 Charles, épouse incomprise d ’un physicien matérialiste. Tous deux, le ciel étoilé les assistant, avaient lu les « hautes théories » de 1VL de