Page:Mercure de France, t. 76, n° 274, 16 novembre 1908.djvu/73

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LES DÉBUTS POLITIQUES DE LAMARTINE tion, introduisant le système parlementaire, lui a semblé garan­ tir la liberté; aussi a-t -il été « affligé de son suicide ». P ou r la suite, l e vcandidat est moins positif : on voit bien qu’ il est de ces hommes aux yeux de qui le pays tomberait en anarchie, s’ils n’ occupaient point les bonnes places ; mais ce qu’on ne sait pas, quoiqu’il « trouve dans le sol français un fondement solide et neuf pour reconstruire l’édifice social », c’ests’il prend ou non le parti du nouveau régime. L a P olitique rationnelle apporte là-dessus quelques précisions : « Pour nous, dit-il, royalistes constitutionnels, hommes de fidélité et de liberté à la fois, deux devoirs sont clairement écrits sous nos yeux : l’ un de conscience, servir le pays et marcher avec la nation; l’autre d’honneur : rester en dehors de l’action immédiate et des faveurs du gouvernement... Quoique la morale ne réprouve pas une conduite contraire, quand une nécessité politique la motive, cette conduite, après un dévouement de quinze ans,ferait suspecter la vertu même. Il n’y a à cette règle qu’ une seule exception qui la confirme, par sa rareté, par son improbabi­ lité même : c ’est le cas où le prince réclamerait de nous, au nom du pays, un service q u ’aucun autre ne pourrait lui rendre aussi bien que nous : dans ce cas, l ’honneur devrait céder au patriotisme. » En langage clair, cela signifie que, « né pour les affaires d’Etat », l’auteur des Méditations ne servirait Louis- Philippe que dans le poste d’ ambassadeur à Londres. Le « fondement solide » qu’il trouvait en France s’ appro­ priait du reste à plusieurs combinaisons, puisque c’était la liberté. Mais, à vrai dire, une seule liberté lui paraissait néces­ saire : celle de l ’apostolat catholique. En effet, le gouverne­ ment de Juillet avait débuté par faire en Bretagne, en Ven­ dée, et dans plusieurs quartiers de Paris, une guerre assez rude au clergé, guerre qui avait même fortifié sa popularité. Lamartine, on l’ a vu, s’en était irrité, et il prétendait d ’autant plus s’ opposer à cette politique que, pour lui, les principes de 89 ne faisaient qu’ un avec l ’idée chrétienne. « L ’homme social, disait-il, doit être désormais, aux yeux du philosophe, aux yeux du législateur, ce que l’homme isolé est aux yeux du vrai chrétien : un fils de Dieu, ayant les mêmes titres, les mêmes droits, les mêmes devoirs, la même destinée devant le père terrestre, l ’Etat, que devant le Père céleste, Dieu. » Con­ ception d’ailleurs commune aux romantiques, et si bien répan-