sens en moi, et s’il y a de l’innocence dans ma connaissance,
c’est parce qu’il y a en elle de la volonté d’engendrer.
Cette volonté m’a attiré loin de Dieu et des Dieux ; qu’y aurait-il donc à créer, s’il y avait des Dieux ?
Mais, mon ardente volonté de créer me pousse sans cesse vers les hommes ; ainsi le marteau est poussé vers la pierre.
Hélas ! ô hommes, une statue sommeille pour moi dans la pierre, la statue des statues ! Hélas ! pourquoi faut-il qu’elle dorme dans la pierre la plus affreuse et la plus dure ?
Maintenant mon marteau frappe cruellement contre cette prison. La pierre se morcelle : que m’importe ?
Je veux achever cette statue : car une ombre m’a visité — la chose la plus silencieuse et la plus légère est venue auprès de moi !
La beauté du Surhumain m’a visité comme une ombre. Hélas, mes frères ! Que m’importent encore — les Dieux !…
Je fais ressortir un dernier point de vue. Le passage que j’ai souligné m’en fournit le prétexte. Pour une tâche dionysienne, la dureté du marteau, la joie même de la destruction, font partie, de la façon la plus décisive, des conditions premières. L’impératif « devenez durs ! », la certitude fondamentale que tous les créateurs sont durs, voilà le véritable signe distinctif d’une nature dionysienne. —
- Traduit par henri albert.
- (À suivre.)