Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/45

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LE MASQUE DE FER a37 rut,peu aprèsson arrivée à Sainte-Marguerile, des fatigues du voyage. C’est là seulement, la réclusion y étant un peu moins sévère, que le prisonnier eut à porter un loup de velours ; il put alors sortir de sa cellule. Je n’insisterai passur le trans­ fert à la Bastille ni sur les Relations de Renneville, sur les­ quelles on se renseignera aisément. De tous ces faits de détail éclairés les uns par les autres, il ressort, en tout cas, que seul le valet d’Auger répond aux équations du problème. Qui était ce personnage? C’est ici qu’intervient la théorie de Mgr. Barnes. Tout d’abord, il rappelle que Charles II, roi d’Angleterre, eut toute sa vie un penchant prononcé vers le catholicisme, mais n’osa se convertirqu’à son lit de mort. Ce ne fut pas faute d’avoir négocié avec Rome, soit directement avec le pape, soit de préférence par l’intermédiaire du géné­ ral des Jésuites. Celui qui fut chargé des démarches principales n’est autre que Jacques de la Cloche, son fils, né à Jersey en 1646, alors que Charles n’avait que 16 à 17 ans, d’une jeune fille de la famille des Carterels, Marguerite, laquelle épousa, en i656, Jean La Cloche. L ’enfant fut élevé en Hollande et en France, puis, en 1665, vint à Londres. Très doux et très studieux, il refusa tout emploi à la cour; il obtint de son père des papiers d’identité et l’autorisation de voyager en Europe. A Hambourg, il sefit connaître de la reine Christine, puis vint à Rome se convertir au catholicisme et entra chez les Jésuites. UIngressus Nooitiorum ab anno i63i ad 1670 comprend eneffet,sous signature« Giacomo délia Cloche manu propria», la liste des effets et biens qu’il possédait en entrant. Des lettres conservées aux archives des Jésuites et publiées in extenso par Mgr. Barnes, il ressort que Charles II eut aussitôt Tidée d’utiliser son fils comme négociateur secret entre lui et Rome. Lejeune homme fit en effet plusieurs fois le voyage entre la Ville et Londres, et notammentjoua un rôle importantdans les pourparlers, en 1668, pour l’obtention du chapeau de cardinal en faveur ded’Antigny, grand-aumô­ nier catholique de la reine d’Angleterre. Or, c’est en cette même année quele duc d’York, plus tard Jacques II, se convertit au catholicisme. Soufrère le roi Charles n’osait prendre le même parti et eut alors l’idée d’offrir à Louis XIV son alliance contre la Hollande, sous condition