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L’HISTOIRE SOUS L’EMPIRE.

soutenir l’ouvrage nouvellement accompli, et la prépondérance acquise.

« Il n’y a pas de travail plus important… Lorsque cet ouvrage bien fait et écrit dans une bonne direction aura paru, personne n’aura la volonté et la patience d’en faire un autre, surtout lorsque, loin d’être encouragé par la police, on sera décourage par elle. »

Cette déclaration impérieuse est le préambule naturel du chapitre que nous allons aborder ; elle explique du moins pourquoi il sera une des parties ingrates de notre ouvrage. Où la liberté faisait défaut, toute initiative devait être paralysée d’avance ; car les œuvres dignes de vivre ne se commandent pas ; et, pour peu qu’une âme soit fière, elle n’accepte jamais un joug dont la première condition est la médiocrité de ceux qui consentent à le subir. La tentative d’une littérature officielle échouera donc toujours contre l’impossibilité de donner du talent à ceux qui n’en ont pas, ou de discipliner ceux qui en ont. De là vient que l’Histoire ne répondit point aux appels d’un régime qui prétendait l’administrer comme le monopole des poudres et des tabacs.

Il faut remarquer d’ailleurs qu’elle ne s’écrit pas au moment où des crises dramatiques captivent l’attention générale. Aussi les trente années qui suivirent 89 furent-elles médiocrement favorables à des études qui exigent le loisir de la réflexion et le lointain d’une perspective. Parmi les convulsions