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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

reprise sous le nom de « parallélisme psycho-physiologique » par nombre de psychologues modernes, que les monistes qui la soutenaient récemment encore, en voulant faire entendre que le savant n’a pas besoin de connaître les phénomènes psychiques extérieurs à lui pour décrire l’organisation de l’univers, illustraient leur pensée, en disant que la conscience n’est qu’un « épiphénomène » indépendant du déterminisme du Monde. Que M. Bergson répondait à ce paradoxe apparent que la « Conscience est efficace et véritablement créatrice », affirmation qui aujourd’hui semble la base du néospiritualisme[1].

N’est-il pas curieux de penser que cette analogie formelle entre le corps et l’esprit était, bien au contraire, considérée par Leibniz comme l’essence même du spiritualisme, puisque le grand philosophe avait cru pouvoir porter contre Stahl, dont les travaux médicaux affirmaient la puissance de l’âme sur l’organisme, l’accusation alors grave de matérialisme[2]. Ainsi, la doctrine de l’harmonie préétablie, construite sur le type des théories scientifiques de la Renaissance, tendait à s’accorder avec le mécanisme qui, par sa seule présence, détruisait les élégantes conceptualisations analogiques d’autrefois ; bien plus, elle était la seule doctrine capable de ne pas contredire les théories mécaniques, et permettait à celles-ci, grâce à son artifice, de relier le mental, qu’elles étaient incapables d’atteindre, au physique, qu’elles expliquaient. Mais aucun pont n’aurait permis de franchir directement l’abîme qui séparait les faits matériels, dont le mécanisme rendait compte, des

  1. Voir Le Dantec, Science et Conscience.
  2. Le Negotium otiosum a été publié par Stabl en 1720, à Halle. Il forme le sixième volume de la traduction des Œuvres médicinales et philosophiques de Stahl, publiées vers 1850.