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CONCEPTS FONDÉS SUR LA RESSEMBLANCE

phénomènes de conscience équivalents et correspondants.

Et là nous atteignons la difficulté irrémédiable des lois naturelles que nombre de penseurs ont cru pouvoir légitimement déduire de la conceptualisation par analogie formelle ; dans l’exemple que nous venons de citer, comme dans tous les cas semblables que nous pourrions relever dans l’histoire des sciences, les différentes choses analogues, bien que régies par les mêmes lois, ou susceptibles d’être ordonnées de la même manière, sont à ce point indépendantes qu’elles ne peuvent exercer les unes sur les autres aucune espèce d’action ; en d’autres termes, ces choses purement passives n’ont aucune propriété spécifique, et celles qu’on serait tenté de leur attribuer proviennent non d’elles-mêmes, mais du monde mathématique dont elles dépendent et qui les domine. Pour parler plus exactement, les phénomènes que nous observons ne sont pas des réalités, mais des signes sensibles qui nous permettent de deviner la réalité purement harmonique qui se développe dans le monde des idées. Nous reconnaissons immédiatement, là, la forme prise par la plupart des doctrines scientifiques élaborées par les néoplatoniciens.

Sans doute, les théories qui s’inspirent uniquement de l’analogie formelle s’intéressent-elles davantage à la description totale de l’univers qu’à l’expérience spéciale, au fait particulier qui se passe sous nos yeux et que le travailleur aspire à expliquer isolément. Sans doute, ces théories, qui voulaient rendre compte de la hiérarchie immuable de la Nature, ne l’enfermaient cependant pas dans une immobilité éternelle ; les mouvements, les transformations que nous ne pouvons nier, étant donnés dans un groupe, se répètent ou se traduisent dans tous les groupes semblables soumis à la même loi ; mais ces mouve-