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Développement de la philosophie mécanique

B. — La philosophie mécanique exerçait, vers le milieu du xviie siècle, une séduction irrésistible sur un très grand nombre d’esprits ; elle les satisfaisait d’une part, parce qu’elle ramenait à l’unité la complexité apparente des phénomènes matériels ; elle les satisfaisait d’autre part, parce qu’elle semblait se confondre avec l’empirisme expérimental préconisé alors par des savants justement renommés.

Les seuls principes avec lesquels le mécanisme construit le monde, la matière étendue et le mouvement sont, en effet, des notions sensibles fort simples, accessibles sans grand effort à notre imagination géométrique, dont les modalités, théoriquement mesurables, sont, par suite, soumises au calcul. Que ces modalités soient à elles seules capables d’engendrer les diversités apparentes de notre monde, nos philosophes le considèrent comme allant de soi. Ils le posèrent comme évident. En conséquence, la doctrine corpusculaire, bien loin d’être discutée à titre d’hypothèse métaphysique, leur sembla une traduction ou plutôt une anticipation imaginative de l’expérience sensible ; l’expérience sensible, quand elle possédera des instruments perfectionnés, rejoindra les dogmes fondamentaux de la philosophie mécanique. Par suite, semble-t-il, cette philosophie atteint à coup sûr la réalité des choses, sous les vêtement variés qui la recouvrent quand elle agit sur les organes des sens[1].

  1. Cette identification de l’expérience et de la théorie méca-