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v. — girart dans l’épopée française

mitif, celui que connaissait l’auteur de la vie latine de Girart, mais on conçoit que la substitution n’a pas dû se faire instantanément. Le poème du xie siècle ne s’est probablement pas éclipsé du jour au lendemain comme un objet mis en réforme. C’est ce qui explique qu’un poème assez peu ancien, Renaut de Montauban, ait pu nous fournir une allusion à l’ancienne chanson.

Recherchons donc les traces des emprunts que notre ancienne épopée a pu faire à Girart de Roussillon : nous aurons là comme autant de témoignages sur la popularité dont notre poème a joui sous l’une ou l’autre de ses deux formes successives.

§ 1. — Girart de Roussillon dans Doon de Nanteuil, Beuve d’Aigremont, Gaufrei.

Dans la chanson de Renaut de Montauban, dans la rédaction même qui nous a fourni une si précieuse allusion à un épisode du vieux poème que n’a pas conservé le nouveau, il est souvent fait mention de Girart de Roussillon. Celui-ci est rattaché à une famille qui fut célèbre dans l’épopée carolingienne. Il a trois frères : Aimon de Dordone, Doon de Nanteuil, Beuve d’Aigremont[1]. Deux de ces barons, Doon et Girart, ont jadis été en guerre contre Charlemagne. Le poème de Renaut de Montauban, ou, pour parler plus exactement, la partie qui lui sert de préambule et qu’on pourrait appeler la mort Beuve d’Aigremont, fait allusion à cette guerre dans les passages ci-après cités. Charlemagne explique

  1. Ils sont mentionnés successivement dans cet ordre, au début du poème, Renaut de Montauban, éd. Michelant (Stuttgart, 1862), p. 1.