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cxiv
introduction

les l’empereur de Constantinople appartient à l’auteur de la chanson renouvelée, il faut que le poème auquel Jacques de Guise fait allusion ait suivi cette chanson, au moins sur ce point.

Jacques de Guise compilait à la fin du xive siècle, et en un pays où l’usage de composer des poèmes en forme de chanson de geste s’est conservé bien plus tard qu’ailleurs[1]. Il est donc probable que le poème dont il nous donne une idée sommaire ne devait pas être bien vieux ; présomption qui, du reste, est confirmée par le peu que notre compilateur nous fait connaître de son roman. Une chanson de geste où Girart de Roussillon a pour cousin et auxiliaire Girart de Vienne appartient visiblement à l’époque où les romanciers se plaisaient à établir entre les héros épiques des relations de parenté plus imaginaires encore que ces héros eux-mêmes. Un autre trait distinctif de ce roman, c’est que Girart y était rattaché aux pays belges, tout en restant duc de Bourgogne. Le point de départ de cette idée c’est, si je ne me trompe, le passage de la chanson renouvelée (§ 6), où il est dit que Charles Martel avait octroyé à Girart la Flandre et le Brabant. Remarquons, à la fin de la citation de Jacques de Guise, la mention de Badilon et des fondations pieuses de Girart. Est-ce encore tiré du roman perdu ? Ce peut bien être. Je n’ai vu nulle autre part que l’apocryphe Badilon ait été abbé de Leuze[2]. Le compilateur a pris de là occasion d’insérer dans ses annales la légende de Badilon[3], comme

  1. Hugue Capet, Baudouin de Sebourg, Tristan de Nanteuil, les dernières suites du roman d’Alexandre (La Vengeance, de Jean le Nivelois, les Vœux, le Restor et le Parfait du Paon) appartiennent à la Flandre ou aux pays wallons.
  2. Diocèse de Cambrai.
  3. Sur cette légende, voy. ci-dessus, p. xxviii.