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ii. — histoire de charles martel

journée et occision quy faitte y avoit esté. Et maudissoient le duc Gerard....


Girart se laisse de nouveau abandonner à la douleur : il résiste aux supplications de sa femme qui l’engage à s’humilier envers Charles.

Arrivés au bout du village, les deux fugitifs pensent y prendre logement chez une femme qui entre en conversation avec eux au sujet de la guerre récente, et qui, voyant le nouveau venu prendre le parti de Girart de Roussillon contre le roi, le met lui et sa femme à la porte. « Et ce fait, s’en monta au planchier, et par les fenestres jetta sur Gerard et sur la duchesse..... ung pot plain d’escloy et d’ordure » (fol. iiijc lxviij). Girart et Berte vont se réfugier chez un fournier et se chauffent à son four. Puis, à l’insu de sa femme, Girard va mettre le feu à la maison d’où on venait de l’expulser. Il revient ensuite prendre sa femme et l’emmène hors du village. Celle-ci est désolée de l’acte que vient de commettre son mari. Sur son avis, ils changent tous deux de nom : il se fera désormais appeler « Josse le mauvais » et elle « Beatrix » [cf. § 526].

(Fol. <span title="Nombre iiìjc lxix écrit en chiffres romains" style="text-transform:lowercase;">iiìjc lxix v°) Ainsi se misrent a nom le noble prince et la noble princesse Josse et Beatrix. Si cheminerent a piet par plusieurs jours tant qu’ilz approcherent ung bras de mer lequel il convenoit passer. Et la trouverent assez près gens ausquelz ilz demanderent des nouvelles du paiis d’Allemaigne et de Honguerie. Et ilz leur dirent qu’en tout le paijs il n’y avoit nulles plus grans nouvelles sinon que mort estoit le roy Othon de Honguerie, et que le roy Charles Martel avoit fait publier (fol. iiijc lxx) par tout le royaulme de Honguerie, de France, par toute Bourgoingne et en mainte autre contrée que quy porroit le duc Gerard de Roncillon avoir en vie, et luy en feroit present, il luy feroit donner son pesant de bon argent monnoyé. Si devez sçavoir que le noble prince fut de ces nouvelles si trés dolant que plus n’en pouoit. Et croist l’istoire que par plusieurs