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girart de roussillon

qu’il le combatte ! Qu’il le fasse montrer au doigt mort ou vaincu ! Nous irons à Roussillon faire tournoi. Ma blessure, je m’en soucie comme d’un champignon ! »

75. Girart prit don Fouque et don Boson et Seguin, le vicomte de Besançon ; il les tira à part en un coin : « Vous êtes mes amis et mes barons ; faites dire à ceux qui sont là dehors qu’ils campent dans les prés sous Avignon. Mais qu’ils ne dressent ni trefs ni pavillons : qu’ils attachent leurs chevaux comme chez eux. Faites crier dans la ville par un garçon qu’on leur fasse au dehors de grandes livraisons de pain, de vin, d’avoine ; de l’herbe ils en trouveront par la campagne. » Puis il appela don Fouchier le maréchal. « Cousin, vous m’en irez à Garignon ; dites au comte Gilbert qu’il se donne garde du côté de la forêt de Montargon : quand il verra s’élever une fumée, qu’il envoie une troupe à Roussillon : cent chevaliers avec une bannière qui frapperont de toutes leurs forces à la porte en criant que Charles est un traître félon[1]. Puis, tournez vers Escarpion[2]. Ils vous suivront au galop ; nous viendrons par derrière, par la rive (de la Seine ?), et nous prendrons des leurs autant qu’il nous plaira. » C’est ainsi que Girart leur expose son plan.

76. Fouchier monte à cheval et se met en route. Jamais il n’y eut si parfait larron, ni tel espion. Il a plus volé de richesses que Pavie[3] n’en possède ; et pourtant, à un homme de sa naissance cela ne convenait guère, car il n’y a meilleur comte jusqu’en Hongrie, mais il ne pouvait se tenir de faire le larron. Il emmena sept chevaliers avec lui ; au cin-

  1. C’est une forme de défi.
  2. Dans P. (v. 608), Scorpio (en d’autres passages Escorpio, voy. § 59). Je ne puis identifier les diverses localités mentionnées dans ce passage, bien qu’elles ne paraissent pas imaginaires.
  3. « Por tout l’or de Pavie », Raoul de Cambrai, p. 168, etc. Pavie au moyen âge est surtout célèbre par ses heaumes ; voy. Fr. Michel, Guerre de Navarre, p. 535.