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girart de roussillon

dan [1] et la Cerdagne et Montcardon, Purgele[2] et Ribagorza[3] et Barcelone. Il y a longtemps qu’il n’a eu guerre, sinon avec les païens. Ces félons, il les a tous conquis par force. De Majorque, d’Afrique, de chez les Esclavons[4], on lui apporte le tribut en sa maison. Le comte est à Besaude[5] en sa demeure ; il se fait servir de la viande et du poisson[6] ; ceux qui gardent sa terre sont cent mille ; c’est un chevalier excellent. Drogon le duc tiendra le gonfanon avant que je perde la Bourgogne, dont je suis né. Par deçà, je manderai mon oncle, le comte Odilon, qui tient toute la Provence jusqu’à Toulon[7], Arles et Forcalquier et Sisteron, Embrun, Gap et Rame[8] et Briançon. De là viendront cent mille hom-

    p. 51 (Barcelonne, 1861, in-8o), conjecture qu’il s’agit de Tarragone (Terraco), mais, dans nos anciens poëmes, la forme de ce mot est toujours féminine, comme encore maintenant ; en outre, la leçon d’Oxf. exclut absolument cette explication. Serait-ce Vic d’Osona (Ausonensis vicus) ?

  1. Identification assez douteuse que j’emprunte à D. Manuel Milà (l. l.). Le texte porte Vergedaigne, dénomination qui revient encore au v. 1656, § 134.
  2. Purgele Oxf., Purgela P. (v. 959) ; même leçon au v. 1657. On ne peut donc songer à Urgel, qui se présente assez naturellement, ni à Puycerda, proposé par D. Manuel Milà.
  3. Rubicaire dans P., mais Ribecorce dans Oxf. ; c’est le comté de Ribagorza, sur les confins de l’Aragon et de la Catalogne.
  4. E d’Escalo P., Ascalon ne peut figurer ici, tout au plus Escalona en Espagne ; e l’Esclavon Oxf., n’est pas non plus très-satisfaisant.
  5. Besaude Oxf., Belsoude P. (v. 964). Est-ce Besalu ?
  6. Leçon de P., « du vin et de la boisson », Oxf.
  7. Jusqu’à Chalon, selon P. (v. 971).
  8. Rame est l’ancienne Rama, station des Alpes Cottiennes entre Embrun et Briançon, que mentionnent l’Itinéraire d’Antonin, l’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem (mutatio Ramae) et les vases Apollinaires ; voy. E. Desjardins, Géographie de la Gaule d’après la Table de Peutinger, 1869, p. 424-5. « Rame était située « dans une petite plaine à la droite de la Durance, entre la Roche et Chancella..... L’empereur Frédéric Ier donna aux comtes d’Albon, en 1152, une mine d’argent à Rame. Saint Pelade, natif et archevêque d’Embrun, y consacra, dès le