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girart de roussillon

d’argent. Girart était à l’ombre, dehors, à l’air, parlant à ses hommes. Il tenait les plaids avec ses barons. Sur ces entrefaites, arrive le messager qui l’informe de la prise de Mont-Amele par le roi. Voilà Girart si plein de douleur qu’il ne pouvait dire un mot à personne, jusqu’à ce qu’il vît Fouque en qui il a confiance : « Fouque, puisse Dieu t’aider ! donne-moi conseil au sujet de Charles qui me tient pour un lâche. Il m’a enlevé Mont-Amele, puis il a juré qu’il ne s’en irait pas d’un mois, sans avoir combattu. Mais je te jure par Jésus le tout-puissant que si Allemands et Désertains[1] ne me font pas défaut, il ne s’en ira pas sans bataille, pourvu qu’il m’attende huit jours ! « 

314. Écoutez la parole de Fouque : « Quel conseil peut-on te donner ? Tu crois plutôt le mauvais que le bon ! Adresse-toi à mon frère, le comte Boson, à Seguin, le vicomte de Besançon, qui t’ont conseillé[2] selon leur sentiment, à Roussillon, dans la chambre voûtée[3]. Pour moi, je ne donnerai jamais conseil d’homme félon ; jamais je ne serai d’avis que tu fasses la guerre au roi Charles, car tu es son homme lige, de sa maison ; tu n’as chasement de personne, sinon de lui. Mais fais-lui droit, puisqu’il te cite, à Paris, à Reims ou à Soissons, si Dieu te garde de toute insulte, de toute accusation de trahison. Demande-lui un délai de quarante[4] jours, par un comte ou un vicomte bon et loyal, ou par un puissant archevêque de sa maison[5]. Quand tu lui auras fait son droit, demande lui le tien. S’il ne veut le faire, s’il te refuse, s’il te cherche querelle, alors je t’aiderai avec tes barons. Mais qui fait guerre à tort, par Dieu du ciel, est l’artisan de sa perte, non de son bien[5].

  1. Voy. p. 40, n. 1.
  2. Il faudrait pouvoir dire, comme le texte, fors conseillé, c’est-à-dire mal conseillé.
  3. Cf. §§ 259, 263.
  4. Soixante, selon P. (v. 4136.)
  5. a et b Cf. § 306.