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girart de roussillon

mort en un sentier. Là vous auriez vu combattre les bons chevaliers et les masses se heurter les unes contre les autres. Tel n’était pour rien dans cette guerre qui, dans la bataille, éprouva grand dommage.

325. Du côté de Girart sont ses Lorrains, les Allemands et les Desertois. Avec eux s’avança Rainier[1], le fils d’Ardenc. C’était un bon et vaillant guerrier. Il avait un heaume de Bavière, un haubert double ; il portait un écu et une lance de Monbilenc[2] et montait un cheval rapide et hennissant. Il avait ceint l’épée du roi Genenc[3] : onques vous ne vîtes épée qui si bien taille et tranche. Les Manceaux, les Angevins, les Herupois étaient avec Charles dans les rangs opposés. Rainier cria son enseigne : Durenc ! Durenc ! et Hugues de Poitiers : No genc ! no genc ![4] Il se lance contre Rainier qui venait sur lui, et lui porte par la poitrine, à travers le haubert, un tel coup qu’il lui tranche tout le côté gauche et le jette à la renverse en un chemin tournant[5], à une longueur de lance de sa selle.

326. Quand Rainier fut à terre, couvert de souillure (?), ayant une blessure par la poitrine qui le fait souffrir jusqu’au cœur, il déchira son bliaut, se banda bien, puis remonta sur son cheval vigoureux. Et quand il fut en selle, les rênes en main, il tira son épée d’Orléans[6], et celui qu’il frappe en plein sur le heaume, il le pourfend jusqu’à la poitrine. Il se

  1. Ici Rames Oxf., mais plus bas Rainier ; c’est le même qui figure au § 164, où, me conformant à la graphie donnée par Oxf. à cet endroit, j’ai écrit Renier.
  2. Sic Oxf. et P. (v. 4384).
  3. Ce nom, qui a son utilité dans les rimes en enc, figure déjà au § 109, mais s’appliquant à un autre personnage.
  4. Je ne suis pas en état d’expliquer ce cri de guerre ni le précédent.
  5. C’est ainsi que Raynouard, V, 60, traduit roden (P. v. 4396)
  6. Douteux : P. (v. 4403) d’Orlem, Oxf. d’Arle, où la dernière lettre, qui ne peut guère être qu’un n, manque, le bord extérieur du feuillet étant déchiré.