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girart de roussillon

sez d’incendies[1]. Je vous en jure Dieu, et le saint jeudi où il s’humilia entre les siens, ou bien il ne me laissera ni fief ni aleu, ou il ne lui restera ni vilain ni bœuf. Que Girart me face droit : je ne lui demande rien de plus[2], ou sinon je ne lui laisse pas la valeur d’un œuf.

367. — Seigneur, Girart mon seigneur vous fera droit ; vous le prendrez de lui comme vous le dites. — Oui bien, s’il me livre la personne de Boson, et puis je lui prouverai qu’il est mon traître[3]. Je l’ai prouvé l’autre jour, dans le premier conseil[4], et il n’a pu se disculper ni s’escondire[5] d’être l’auteur du meurtre indigne de Thierri, qu’il fit, comme un félon, tuer en trahison. » Don Begon s’irrita quand il entendit ces paroles.

368. « Sire, vous ne cessez de traiter Girart de traître. Eh bien ! que celui-là s’avance qui l’en accuse ! Si je ne puis l’en sauver et l’en défendre, alors le comte sera traître prouvé, et faites moi pendre. » À ces mots, il présenta au roi son gant plié[6]. Mais il n’y avait si vaillant qui l’osât prendre, lorsqu’ils virent Pierre descendre au pavillon [royal] : « Seigneur, entendez bien cette parole : si Begon est grand je ne le suis pas moins, et, s’il demande bataille, je suis prêt à la lui donner.

369. — Tu feras sagement, » dit Begon, « de bien comprendre l’affaire, et tu seras fou si tu entreprends la bataille à tort. Je suis prêt à soutenir en combattant, avec mon bon cheval et mes armes, ou, si on le décide ainsi,

  1. Voy. § 348.
  2. Le texte paraît pas susceptible d’une autre interprétation, et pourtant ces paroles du roi sont en contradiction avec celles du § 360.
  3. Par cette expression Charles veut dire à la fois que Girart a commis envers lui un acte de trahison, et que cet acte est prouvé de telle sorte, qu’en droit, sinon en fait, Girart appartient à Charles, qui a droit d’en prendre la vengeance qu’il lui plaira.
  4. Celui où fut décidé l’envoi de Pierre de Mont-Rabei.
  5. Voy. p. 99, n. 1.
  6. Voy. p. 64, n. 3.