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girart de roussillon

mort ? C’est pour cela que vous perdez la terre jusqu’à Dunort[1]. Depuis la cité d’Avenches[2] jusqu’au port de Cluse[3], il ne vous laissera, dit il, personne sur qui compter. Vous n’avez château qu’il prise un jardin. Il vous fera faidit ; il l’a ainsi trouvé en consultant les sorts[4].

376. — Par mon chef ! » dit Fouque, « je ne sais que trop. Si Girart se voit trahi par les siens, c’est qu’ils l’ont trouvé dur et obstiné. Il se plaît à les outrager, à leur prendre leur fief. Dès que je fais tort à mon homme, que je lui refuse le droit, par cela même j’ai forfait le fìef[5] [et

  1. Nous avons déjà vu ce nom mentionné au § 167 comme étant le cri de guerre d’Odilon, l’oncle de Girart. Ce doit être un lieu situé entre le Rhône et les Alpes, limites entre lesquelles s’étendaient les possessions d’Odilon (voir la fin du § 99).
  2. Ancien Aventicus ou Aventica, maintenant Wiffisbourg, canton de Vaud ; voy. Longnon, Géogr. de la Gaule au vie siècle, p. 224.
  3. A Clausa al port Oxf., la leçon de P. (v. 5012) entro al port, est corrompue. Il y a dans les Alpes de nombreux passages appelés Cluse ou La Cluse. Remarquons que les menaces du roi sont loin d’avoir eu cette précision.
  4. Sur les différentes manières de consulter les sorts au moyen âge, voy. Du Cange, Sortes sanctorum. M. Roquain, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, XLI (1880) 465-74, et M. Chabaneau, Revue des langues romanes, 3e série, IV, 167-78, ont publié deux textes, l’un latin, intitulé sortes apostolorum, l’autre provençal, qui contiennent des réponses, généralement assez vagues, aux questions de ceux qui cherchaient à connaître l’avenir, M. Chabaneau a rassemblé, p. 161, note, plusieurs textes empruntés aux auteurs latins du moyen âge et à la littérature provençale sur l’usage de consulter les sorts. Cette liste pourrait être notablement augmentée. Pierre de Vaux-Cernai raconte que Simon de Montfort avait consulté les sorts, un ouvrant au hasard le psautier, avant de se rendre à la croisade contre les Albigeois (fin du chap. xvii). Dans Flamenca (vv. p. 2300), Guillaume de Nevers interroge l’avenir de la même manière lorsqu’il se prépare à séduire l’épouse d’Archambaut. Dans Girart de Roussillon, l’usage de consulter les sorts est si bien admis que lorsqu’une guerre est entreprise sans qu’on l’ait fait, l’auteur a soin de le mentionner ; voy. §§ 140 et 383.
  5. Il faut entendre « l’hommage ».