Droon. On fit vêtir à Girart gonelle et chaperon, on lui fit venir Bauçan, le cheval arabe, et le comte y monta, dehors au perron, et plaça un javelot derrière l’arçon : « Maintenant, allez à la grâce de Dieu ! [dit la reine] : le roi demande de la venaison fraîche, mais celle qu’il veut n’est pas de saison. » Ils s’en vont par la cité au galop, et, quand ils furent dans le bois, vers Saint-Fagon[1], ils chevauchèrent toute la nuit jusqu’au jour, et passèrent l’Yonne au gué de Salon[2]. Droon prit du pain, du vin, de l’avoine à Tonon[3], et, auprès d’une fontaine, près d’une ruine, il fit manger les hommes et les chevaux, et fit dormir un peu ceux qui en eurent envie. De là, ils sont allés à Roussillon.
555. Dans le bois, sous Roussillon, en un verger, le comte est descendu de son destrier : « Que ferons-nous là, mes compagnons ? [dit Girart.] Attendrai-je Bertran et ma femme, ou enverrai-je dans la ville un messager pour connaître les dispositions des habitants ? Car j’ai vif désir de secourir Fouque. — C’est là ce qu’il vous faut faire[4], » dit Droon. « J’irai, emmenant avec moi mon fils Auchier qui vous annoncera ce qui se passe. »
556. Droon entra à cheval dans le château. Il trouva mille des habitants en rondes et en danses[5], trois mille sur le grand chemin et trois cents chevaliers prenant joyeusement leurs ébats sur une esplanade[6]. Quand ils virent Droon, ils
- ↑ Oxf. et L. « au sens Droon », simple cheville.
- ↑ Ce nom ne se retrouve plus.
- ↑ Dans Oxf. seul : le vers manque dans P. et L. a une cheville. Ce nom est peut-être corrompu. Une petite rivière qui se jette dans l’Yonne, en face de Joigny, porte le nom de Tholon.
- ↑ C.-à-d. : « il faut envoyer un messager. »
- ↑ A tresches e a bal, locution courante ; cf. Aliscans, éd. Guessard et de Montaiglon : James n’irez a tresches ni a bax (p. 196).
- ↑ Il y a un développement analogue dans Huon de Bordeaux. Lorsque
Huon arrive dans la cité de l’émir Gaudisse,
.M. paiens trove qui viennent d’oiseler
Et autres .M. qui i doivent aler.