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girart de roussillon

donné des leçons ! » Fouque dit à voix basse au chapelain de lui apporter les reliques, là dehors sur la place. Et celui-ci les lui apporte sur un...[1]

591. Fouque étendit alors ses mains sur les reliques, en disant : « Puisse Dieu le tout-puissant, et ces saints dont les reliques sont ici visibles, et tous les autres qui servent Dieu, me venir en aide, comme il est vrai que je n’ai jamais touché Aupais au point qu’elle en puisse avoir honte, elle ni ses parents, et que je ne lui ai jamais rien fait d’inconvenant ! » La reine dit : « Tu as bien parlé. Ce sera moi qui te la donnerai. Prends-moi pour répondant. — Dame, mille remercîments ; je la prends de vos mains. » Là le comte l’épousa aux yeux de tous, par la remise de son corps[2], d’un anneau, d’or et d’argent[3]. Il lui donna en oscle[4] tout son chasement et tous les acquets qu’il ferait en son vivant. Ce jour il adouba cent chevaliers[5], donnant à chacun destrier et armes. Puis il leur fit dresser, dans les prés qui bordent l’Arsen[6], une quintaine formée d’un écu neuf et d’un haubert fort et luisant. Les jeunes damoiseaux y courent, et les autres personnes vont les regarder.

  1. Oxf. fagan, L. phagam, P. (v. 7697) faia. Est-ce quelque ustensile (un plateau ?) en bois de hêtre ? D’après L. on pourrait traduire « sous un hêtre ».
  2. Symbolisée par un baiser.
  3. On pourrait croire que l’anneau était d’or et d’argent, mais cela n’est pas probable. Il s’agit plutôt de la remise à la fiancée d’une pièce d’or et d’une pièce d’argent, usage qui s’observe actuellement en Angleterre, et sans doute ailleurs encore, lors de la cérémonie du mariage.
  4. Voy. p. 17, n. 4.
  5. C’était l’usage que les seigneurs adoubassent un certain nombre de chevaliers, leur fournissant armes et chevaux, le jour de leur mariage. Dans Flamenca, où tout se fait grandement, le seigneur Archimbaut arme jusqu’à 997 chevaliers (v. 786) à l’occasion de ses noces.
  6. La rivière mentionnée plus haut, §§ 126 (voy. la note), 141, 151, 154. La bonne leçon d’Arsent ne se trouve que dans L. Il est singulier qu’Oxf. et P. aient à peu près la même faute : Oxf. narsent, P. (v. 7715) naissen.