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introduction

quand il prit de lui en fief sa terre héréditaire » (§ 179). On pourrait multiplier les citations de passages où Girart est présenté comme l’homme de Charles. Le résultat est qu’on n’arrive pas à démêler quel est le point en litige, ni quelle a été l’origine de la lutte, tandis que le différend entre Charles et Girart a, dans la vie latine, une cause très nettement définie[1]. Il est donc évident que le renouveleur, après avoir, en commençant, fait œuvre originale, se rattache, à partir d’un certain endroit, à la vieille chanson, se mettant en contradiction avec les assertions du début. Il y a là une preuve bien forte que ce début est une pièce de rapport.

J’ai relevé, çà et là, dans les notes de ma traduction, un certain nombre de contradictions qui portent, en général, sur des points de détail[2]. Ces contradictions consistent, le plus souvent, en ceci, que le poème, rappelant un fait conté antérieurement, mentionne comme déjà connues des circonstances dont il n’a pas été dit un mot. Ce défaut de suite s’explique assez bien, selon moi, si on admet que le renouveleur, procédant à son remaniement, ne suivait son texte qu’avec une attention intermittente.

Mais c’est particulièrement vers la fin du poème que les incohérences se multiplient et deviennent véritable-

  1. Le différend, qui aboutit à une guerre acharnée, a pour cause, dans la vie latine, les prétentions réciproques que Charles et Girart élevaient sur l’héritage des parents des deux sœurs qu’ils avaient épousées : « Interea, earum parentibus jam defunctis, suboritur inter regem et Girardum acertissima luctuose altercationis simultas... Nam rex, fastu regie ditionis tumidus, terram jure heredis sibi usurpare gestiebat ; Girardus vero, ob primogenitam similiter eandem sibi vindicare conabatur » (§§ 8, 9).
  2. Voy. pp. 150, note 2 ; 151, n. 2 ; 166, n. 11 ; 183, n. 1 ; 187, n. 1 ; 251, n. 5.