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introduction

âge les textes en langue vulgaire ont sur celles qu’on peut tirer des textes latins un avantage considérable : c’est de donner à chaque objet son véritable nom, tandis que les documents latins nous offrent ou des formes vulgaires latinisées, ou, ce qui est pis, des équivalents plus ou moins vagues. Girart de Roussillon est, parmi nos anciens poèmes, l’un de ceux où l’archéologue fera la plus riche moisson. Malheureusement, plusieurs des termes techniques dont le poète a fait usage sont, dans l’état actuel de nos connaissances linguistiques et archéologiques, fort difficiles à entendre.

Je n’ai rien noté concernant l’architecture proprement dite qui fût suffisamment précis pour mériter d’être relevé, mais, en ce qui concerne la décoration, soit extérieure, soit intérieure, des édifices, il y a quelques traits à signaler.

Au § 128, nous trouvons une curieuse description de la partie extérieure du palais du roi à Orléans. Au-devant de ce palais, il y avait une cour ou une terrasse (un plan dans le texte) close de murs. Dans cette cour étaient placés des perrons cimentés. Par cette expression, je crois qu’il faut entendre des bancs de pierre ou de marbre sur lesquels on s’asseyait (§§ 114, 117, 240-1), ou dont on s’aidait pour monter à cheval (§§ 464, 554) et pour en descendre (§ 585)[1]. Les perrons du palais royal d’Orléans étaient ornés d’une décoration représentant des animaux. C’est du moins ainsi que j’entends l’art de bestiare (obra bestiaria dans le ms. de Paris) du texte. Je ne sais s’il existe encore en France des

  1. Cf. Renaut de Montauban, éd. Michelant, 78, 14-5 :

    Karles vait à Paris, ki le poil et ferrant,
    Et descent au perron sos le pin verdoiant.