Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 1.djvu/413

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Al-Battany, Al-Harrany. Il commença ses observations astronomiques vers l’an 264 tic l’heg. (877 de J.-C.), les continua jusqu’en 918, tantôt à Racca, tantôt à Antiocbe, et mourut en 317 de l’heg. (929 de J.-C.). Lalande le place dans le nombre des vingt plus célèbres astronomes qui aient paru. Pendant 42 ans lunaires consacrés à l’astronomie, Albategnius fit plusieurs observations, qu’il rapporte dans sa Tabie Sabeene (Zydge Sâby), partie à l’année 882 de J.-C., partie à l’année 901. Cet ouvrage a été imprimé sous ce titre : De scientiâ stellarum, à Nuremberg, 1557, in-8º, et, en 1645, in-4º, à Bologne ; l’original arabe se trouve, dit-on, parmi les mamiscrits du Vatican, et n’a jamais été imprimé. On n’en aurait qu’une idée très-imparlaite, si l’on croyait qu’Albategnius n’y parle que des étoiles : sous ce nom générique, sont aussi comprises les planètes. Ce livre est trop peu connu ; ce qu’on doit attribuer au style barbare du traducteur, qui paraît n’avoir su ni le latin ni l’astronomie ; on y trouve une trigonométrie fort différente de celle des Grecs, et fondée sur la projection orthographique. Au lieu de cordes, il emploie les sinus, auxquels il conserve le nom de cordes, et qu’il exprime en parties sexagésimales du rayon. C’est dans son livre qu’on trouve la première notion des tangentes, on y voit que les Arabes se servaient de ces lignes dans leur gnomoniqne ; qu’ils en avaient des tables, qui leur donnaient la hauteur du soleil par la longueur de l’ombre, et réciproquement. Mais il n’a su tirer aucun parti de cette idée pour la trigonométrie. Regiomontanus, à qui l’on attribue l’introduction des tangentes, peut en avoir pris l’idée dans l’ouvrage d’Albategnius, qu’il a commenté. Ou ne cite guère d’Albategnius que ses quatre éclipses, et l’observation d’un équinoxe, qui lui fit trouver la durée de l’année trop courte de deux minutes et demie. Il mesura assez bien l’obliquité de l’écliptique ; mais sa plus belle découverte est celle du mouvement de l’apogée du soleil. Son livre n’est guère qu’un discours préliminaire pour ses Tables, que le traducteur latin n’a pas publiées. Ses Théories ne sont que celles de Ptolémée et de Théon. S’il était bon observateur, il paraît avoir été un calculateur très-médiocre, et ses Problêmes 25 et 26 feraient soupçonner qu’il n’est que le compilateur de tout ce qui les précède. Albategnius a donné deux éditions de sa Table ; la seconde est la meilleure, et c’est celle que nous connaissons. On trouve, dans la Biographie de Ibn-Khalacan, la liste de ses autres ouvrages. J—l—e.

ALBE (Ferdinand Alvarez de Tolede, duc d’), ministre d’état, et général des armées impériales, naquit, en 1508, d’une des plus illustres familles d’Espagne. Élevé sous les yeux de son grand-père, Frédéric de Tolède, qui lui apprit l’art militaire et la politique, il porta les armes, jeune encore, à la bataille de Pavie, commanda sous Charles-Quint, en Hongrie, au siége de Tunis, à l’expédition d’Alger, défendit Perpignan contre le dauphin de France, et se signala dans la Navarre et en Catalogne. Son caractère de circonspection, et son penchant pour la politique, avaient d’abord donné peu d’idée de ses talents militaires ; Charles-Quint lui-même, à qui il avait conseillé, en Hongrie, de faire un pont d’or à l’armée turke, pour éviter une bataille décisive, le croyait peu capable de commander en chef, et ne lui accorda les premiers grades que par faveur. L’opinion de son incapacité était si généralement établie,