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portants. Châteauneuf, ne pouvant vivre sans intriguer, se jeta dans le parti de la fronde. La régente lui rendit les sceaux en 1650. Il devint alors l’homme de la cour. Anne d’Autriche le sacrifia ensuite au ressentiment du prince de Condé, qui ne pouvait lui pardonner le jugement du duc de Montmorency. Rappelé de nouveau au conseil par une autre intrigue, il fut encore obligé de céder à la hauteur de Mazarin dont il avait ambitionné la place. Enfin, le vieux courtisan mourut en 1653, chargé d’années et d’intrigues, dit Mme de Motteville. Châteauueuf avait hérité des talents de sa famille pour les négociations et pour les affaires ministérielles ; mais son goût pour l’intrigue remplit sa vie d’agitations : ses galanteries déshonorèrent son état, et son orgueil fit dire qu’il avait plutôt les manières d’un grand-vizyr, que celles d’un ministre de la cour de France. — Madeleine de l’Aubespine, tante des deux précédents, épouse de Nicolas de Neufville, secrétaire d’état, avait fait, par son esprit et sa beauté, l’ornement de la cour, sous Charles IX, Henri III et Henri IV. Les poètes du temps, et entre autres Ronsard, célébrèrent ses charmes et ses talents. Elle avait même composé quelques pièces de vers et de prose. On lui attribue une traduction des Épîtres d’Ovide. Sa statue en marbre blanc est au Musée des monuments français. T—D.

AUBETERRE (David Bouchard, vicomte d’), né à Genève, d’une famille illustre qui s’y était retirée après avoir embrassé la religion protestante, revint dans sa patrie, où il avait obtenu la restitution de ses biens qui avaient été donnés au maréchal de St.-André, fit profession de la religion catholique, et fut nommé gouverneur du Périgord, par Henri IV. Inquiété dans son gouvernement par Montpezat, un des généraux de la ligue, il l’attaqua en 1598, le défit, et se montra généreux en renvoyant les prisonniers ; il fit le siége, la même année, de la petite place de l’Isle, en Périgord, et y fut tué d’un coup de mousquet. B—p.

AUBIGNAC (François HEDELIN, plus connu suus le nom d’abbé d’), naquit à Paris, le 4 août 1604, de Claude Hedelin, avocat au parlement, et de Catherine Paré, fille du célèbre chirurgien Ambroise Paré. Après avoir achevé ses études, il exerça la profession d’avocat à Nemours, où son père avait acheté la charge de lieutenant-général. Il abandonna bientôt le barreau pour l’état ecclésiastique, et devint professeur du duc de Fronsac, neveu du cardinal de Richelieu. Peu de temps après, François Hedelin fut pourvu de l’abbaye d’Aubignac (dont le nom lui est resté), puis de celle de Mainac. L’élève, devenu majeur, fit à son précepteur une pension de 4,000 liv., pour laquelle d’Aubignac eut un procès à soutenir après la mort du duc, en 1646. Cette mort fut, pour l’abbé d’Aubignac, un coup de foudre qui lui fit perdre les pensées de la fortune et des plaisirs de la vie. Il continua cependant à s’occuper de littérature. Sur la fin de ses jours, il se retira à Nemours, où il est mort le 25 juillet 1676. D’Aubignac fut en liaison ou en querelle avec tous les beaux esprits de son temps. Il s’était brouillé avec Ménage et avec P. Corneille, et, de part et d’autre, on publia des épigrammes et des brochures. Les épigrammes n’ont pas été recueillies ; les brochures subsistent encore. Celle que l’abbé d’Aubignac fit imprimer contre Ménage, est intitulée : Térence justifié, ou deux Dis-