Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/23

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l’arrêt rendu contre lui ; mais cette nouvelle ne changea rien à la resolution de cette femme courageuse, et leur mariage se conclut vers 1622. Il mourut à Genève, le 29 avril 1630, âgé de quatre-vingts ans, et fut enterré dans le cloître de l’église St.-Pierre. Il avait composé lui-même son épitaphe. Il eût été facile de grossir cet article d’anecdotes sur d’Aubigné ; mais outre qu’elles se trouvent dans tous les recueils, nous pensons qu’un Dictionnaire historique ne doit pas être composé sur le plan d’un Ana. Nous rapporterons cependant ici un trait fort connu de d’Aubigné, par la raison qu’il a été défiguré par ceux qui l’ont cité. Une nuit qu’il était couché dans la garde-robe de son maître, avec le sieur de la Force, il lui dit, à plusieurs reprises : « Notre maître est un ladre vert, et le plus ingrat mortel qu’il y ait sur la face de la terre. » La Force, qui sommeillait, lui demanda ce qu’il disait ; le roi, qui avait entendu d’Aubigné, répéta le propos, de quoi d’Aubigné resta un peu confus ; mais son maître ne lui en fit pas pour cela plus mauvais visage le lendemain ; aussi ne lui en donna-t-il pas un quart d’ecu davantage. Voilà le trait tel que d’Aubigné le rapporte lui-même. Il avoue qu’il fut confus en entendant le roi, et on conviendra qu’il avait lieu de l’être ; mais il ne dit pas qu’il répondit : « Sire, dormez ; nous en avons bien d’autres à dire. » Ce mot eût été le comble de l’audace. D’Aubigné avait épousé, en premières noces, le 6 juin 1583, Suzanne de Lezay. Il eut plusieurs enfants de ce mariage, entre autres Constant, père de la célèbre dame de Maintenon. Voici le catalogue de ses ouvrages : I. Vers funèbres sur la mort d’Étienne Jodelle, Paris, 1574, in-4º ; II les Tragiques donnés au public par le larcin de Prométhée, au Désert, 1616, in-4º, sans date, in-8º ; Genève, la Rovière, 1623, in-8º. Cet ouvrage est très-curieux : quoiqu’il ait eu plusieurs éditions, il n’en est pas moins rare ; mais c’est à tort que quelques bibliographes ont dit qu’il avait été brûlé. III. Les aventures du baron de Fæneste, divisées en quatre parties ; la première édition complète est imprimée au Désert, (Maillé), 1630, in-8º ; Cologne, 1739-1731, Amsterdam, 1731, 2 vol. in-8º, roman satirique fort piquant ; IV. Confession catholique du sieur de Sancy ; c’est une satire contre ce seigneur, l’un des favoris de Henri IV ; elle a été imprimée plusieurs fois dans les Recueils de pièces du temps ; V. Histoire universelle, depuis l’an 1550 jusqu’à l’an 1601, Maillé (St-Jean d’Angely), Jean Moussat, 1616, 1618 et 1610, 3 vol. in-fol. ; Amsterdam (Genève); les héritiers de Hiéron. Commelin, 1626, in-fol. : la première édition est la plus rare; mais la seconde est la plus complète et la meilleure ; cependant, comme la première contient des traits satiriques qui ne se trouvent pas dans la nouvelle édition, ou peut les réunir ; VI. Lettres du sieur d’Aubigné sur quelques histoires de France, et sur la sienne, Maillé, 1620, in-8º ; VII. Libre Discours sur l’état présent des églises réformées en France, 1625, in-8º ; VIII. Petites Œuvres mêlées du sieur d’Aubigné, en prose et en vers, Genève, Pierre Aubert, 1630, in-8º, rare ; IX. Histoire secrète de Théod. Agripp. d’Aubigné, écrite par lui-même, impr. plusieurs fois avec les Aventures du baron de Fæneste. On peut consulter cet ouvrage, où l’on trouve bien des particularités curieuses et intéressantes. On lira aus-