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au collége royal de Toulouse, et remplit cette chaire d’une manière distinguée. La part qu’il prit, dans cette ville, à l’affaire de Sirven, et l’activité de ses démarches pour faire triompher son innocence, le mirent en correspondance avec Voltaire. « Vous avez dû recevoir, lui mandait l’auteur d’Alzire, le factum des dix-sept avocats au parlement de Paris, en faveur de Sirven : il est très-bien fait ; mais Sirven vous devra beaucoup plus qu’aux dix-sept avocats, et vous aurez fait une action digne de la philosophie et de vous. » Audra jouissait d’une considération due à ses talents et à ses services, lorsqu’il publia en 1770 le 1er vol. d’une Histoire générale. Voltaire applaudit à cette production, et écrivit à l’auteur : « D’Alembert est bien content de votre Abrégé sur l’Histoire générale. Quelques fanatiques n’en sont pas si contents ; mais c’est qu’ils n’ont ni esprit, ni mœurs. A l’égard de votre sage hardiesse, vous n’avez rien à craindre : il n’y a pas un mot dans votre écrit sur lequel on puisse vous inquiéter. On sera fâché ; mais comme les plaideurs qui ont perdu leur procès. Vous avez d’ailleurs un archevêque qui pense comme vous, qui est prudent comme vous, et qui sera bientôt de l’académie. » Cet archevêque, qui était M. de Brienne, ne justifia pas les assurances de Voltaire. L’abbé Audra se démit de sa place ; un mandement de l’archevêque condamna l’ouvrage, sans désigner l’auteur, comme rempli de maximes erronées. Celui-ci, frappé de cette flétrissure, tomba malade d’une fièvre maligne, eut le transport au cerveau, et mourut en vingt-quatre heures à Toulouse, le 17 sept. 1770. Voltaire fut très sensible à cet événement, qui, dit son éditeur, lui arrachait encore des larmes quelques jours avant sa mort. Une lettre de Voltaire à d’Alembert (21 décembre 1770) donne de plus grands détails sur cette affaire, et justifie la conduite de M. de Brienne, qui mit dans ses procédés tous les ménagements qu’on pouvait désirer, qui soutint seul l’abbé Audra, durant une année entière, contre le parlement, les évêques, l’assemblée du clergé, mais qui se vit enfin obligé de céder aux clameurs (Voy. la Note sur le 62e. chap. de l’Essai sur l’Histoire générale). N—l.

AUDRAN (Charles, ou Karle). Cet oncle du célèbre Girard Audran naquit à Paris, en 1594, et mourut dans la même ville, en 1674 ; il était fils de Louis Audran, officier de louveterie sous Henri IV. Ayant commencé à Paris l’étude du dessin et de la gravure, il entreprit le voyage d’Italie pour se perfectionner. Ce fut à Rome qu’il fit connaissance avec Corneille Bloemaert, et qu’il s’identifia, en quelque sorte, avec la manière de ce maître. On a de cet artiste un assez grand nombre d’estampes, d’après le Dominiquin, le Titien, le Cortone, le Guide, l’Albane, Le Sueur, les Carrache et autres grands maîtres ; les plus capitales sont une Annonciation et une Assomption. P—e.


AUDRAN (Claude), né à Paris, en 1597, et mort à Lyon, en 1677, fut le père du célèbre Girard Audran, et c’est là son meilleur titre à l’immortalité. Ses estampes médiocres, quoique d’un assez bon goût, sont peu connues. Il eut trois fils, Germain, professeur à l’académie de Lyon, et dont on a quelques estampes ; Claude, et Girard. P—e.

AUDRAN (Claude), peintre, fils du précédent, né à Lyon, en 1641, fut placé d’abord dans l’école de Perrier, et en 1658, vint à Paris, où