Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/39

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Errard le fit travailler dans les appartements de la reine, dont il avait la direction. Charles Lebrun, témoin de sa facilité à peindre, l’employa pour les ébauches des Batailles d’Alexandre. De ce moment, Audran ne fut plus que l’imitateur, ou, pour mieux dire, le copiste servile de son nouveau maître ; il ne sembla plus voir dans la peinture d’autre manière que celle de cet artiste, et, comme il arrive d’ordinaire, sa réputation en souffrit. Toutefois, les ouvrages de Claude Audran prouvent qu’il aurait pu obtenir une place honorable parmi les artistes de l’école française, s’il eût voulu penser et travailler d’après lui-même. Il fut reçu, en 1675, à l’académie, sur un tableau représentant l’Institution de l’Eucharistie, et nommé professeur en 1681. Ses principaux ouvrages sont : une Décollation de S. Jean-Baptiste, S. Denis, S. Louis, et le Miracle des cinq pains, la chapelle du château de Sceaux, le grand escalier de Versailles, la galerie des Tuileries, etc. Claude Audran mourut à Paris, en 1684, à l’âge de quarante-trois ans, sans avoir jamais été marié. Ce fut lui qui composa et exécuta, de concert avec le régent, les sujets de Daphnis et Chloé, qui furent gravés par Benoît Audran. — Un autre Audran, nommé aussi Claude, et neveu de celui-ci, préféra comme lui la peinture à la gravure, où tous leurs parents acquirent plus ou moins de réputation. Il naquit à Lyon,en 1658, et mourut à Paris, en 1734, au Luxembourg. Le genre des arabesques, ou grotesques, est celui qu’il a le plus particulièrement cultivé. Il travailla beaucoup à Versailles, et dans les maisons royales. On ne lui connaît d’autre élève que Wateau. D—t.

AUDRAN (Girard) peut être regardé comme le plus célèbre graveur d’histoire qui ait jamais existé, et comme l’un des artistes qui ont le plus contribué à illustrer le siècle de Louis XIV, en propageant dans toute l’Europe les chefs-d’œuvre des grands maîtres qui ont honoré l’école française. Audran naquit le 2 août 1640, à Lyon, où il reçut les premiers éléments de son art, de Claude Audran son père, et de là vint à Paris, pour se perfectionner. Il fut bientôt l’ami de Lebrun, avec lequel il passera à la postérité. Voulant mettre à profit les grandes dispositions dont la nature l’avait doué, et convaincu que, sans une profonde étude du dessin, il est impossible à un graveur d’atteindre à la perfection, il se détermina à faire le voyage d’Italie. Arrivé à Rome, en 1666, il employa trois années à l’étude de l’antique, dont il dessina les plus belles statues ; mais ne bornant pas ses travaux à cette seule étude, il s’appliqua aussi à copier avec le crayon et le pinceau, les chefs-d’œuvre de Raphaël, et ceux des autres grands maîtres qui ont contribué à donner tant de célébrité à l’école d’Italie ; grava un plafond peint par Pietre de Cortonne, et plusieurs tableaux du Dominiquin. Colbert, qui avait su apprécier les talents d’Audran, et qui voulait les rendre utiles à la France, le fit rappeler par Louis XIV, lui obtint une pension et un logement aux Gobelins. De retour dans sa patrie, cet artiste fut chargé de graver, pour le roi, la suite des Batailles d’Alexandre. Cette production immortelle répandit dans toute l’Europe la réputation de Lebrun et celle d’Audran. Plusieurs artistes même, surtout en Italie, trouvèrent plus de correction dans les traductions que dans les originaux. Une multitude d’autres ouvrages mirent le comble à la gloire d’Audran. Parmi tant de chefs-d’œuvre, on distingue son Recueil des